Philippe Cognée et la décrépitude
Paul Cupido, photographe de l’impermanence
Les étranges gourmandises photographiques de Brooke DiDonato
Brooke DiDonato (née en 1990 dans l’Ohio, vit et travaille principalement à New-York) dans la filiation d’un Guy Bourdin et des surréalistes nous offre dans son travail ce qu’elle désigne elle-même comme « des gourmandises pour les yeux ». Il faut immédiatement préciser d’étranges gourmandises. Entre Guy Bourdin et les surréalistes la photographe américaine procède à des collages amenant à des collisions visuelles, des télescopages qui font émerger l’imaginaire, l’étrange et l’onirisme à partir de situations des plus banales. Elle emprunte à Guy Bourdin une réduction de moyen similaire, une certaine sensualité distanciée et matinée d’un aspect doucereux ; aux surréalistes elle reprend le collage et les « hasards objectifs ».
Le nu et les corps photographiques
Comment photographier les corps ?
Si on exclut la photographie de charme et érotique le nu en photographie se présente sous bien des aspects. On ne peut qu’en retenir quelques uns : héritier des arts plastiques quand il s’agit du pictorialisme; sous l’influence naturelle des grands mouvements esthétiques du 20° et 21° siècle; ou encore élément essentiel de certains courants de l’art moderne, tels que le Body Art, Fluxus, et bien entendu l’hyperréalisme.
Sara Punt photographier et sculpter les corps
Monstres & hybridations dans l'art
Stéphane Lavoué photo et portraits narratifs
De l’Amazonie au territoire en passant par le portrait
Stéphane Lavoué (né en 1976, à Mulhouse, France) est un photographe portraitiste au parcours assez singulier. En effet, ingénieur de formation, il décide, après avoir exercé dans le négoce de bois en Amazonie et au Brésil, ce qui ne lui donnait pas pleinement satisfaction, de tout abandonner pour se dédier à la photographie. Au Brésil, il découvre fortuitement le travail de Sebastião Salgado sur des posters collés aux murs des favelas de Belém. Il décide alors de se consacrer à ce qu’il aime vraiment, la photographie. Muni d’un Leica M6 dès ses premiers émoluments engrangés pour se désennuyer, il capture son environnement d’alors dont il mesure la fragilité et la mise péril. En 2001, Stéphane Lavoué doit revenir en France pour des raisons familiales, il quitte, dans le même temps, son emploi d’ingénieur et suit une formation au Centre Iris pour la photographie de Mulhouse. Il travaille rapidement dans le domaine du reportage, notamment pour Libération.
Nicolas Floc’h les nouveaux paysages aquatiques
Nicolas Floc’h, un regard esthétique engagé
La passion de Nicolas Floc’h, ce qui le concerne intimement, c’est le rapport à l’eau, la mer, l’océan, il pratique en effet la plongée en apnée et bouteille depuis l’enfance. De cet attachement subjectif est né un souci plus général qui est de savoir comment rendre compte de ce qui est caché à la plupart de ses congénères, qui n’est pas même perçu comme un paysage par le commun des mortels mais plutôt tel un élément propice aux loisirs, à la production, à une contemplation en surface, terrestre. Une sorte de miroir du ciel, souvent apaisant, parfois menaçant. Le continent maritime est inconnu de presque tous sinon à travers les camé-ras de documentaires qui ne voient non pas le paysage sous-marin, mais une faune étrangère, un milieu extérieur à découvrir de manière fragmentaire. Le continent des eaux est comme un milieu barbare, un objet relégué au rang de milieu où les « bêtes » maritimes peuvent s’ébattre sous notre œil d’observateur d’un vivant dont nous ne sentons plus l’intime parenté. Nicolas Floc’h à travers sa passion toute personnelle veut donc documenter de manière critique et active, par le truchement notamment de l’histoire de l’art, un milieu qui ne nous est pas exogène, auquel nous appartenons également, qui interagit activement avec nous.
Grégoire Eloy, déambulations photographiques
Témoignage sensible
Ce qu’il y a de si intéressant et captivant chez Grégoire Eloy, c’est qu’il est avant tout un photographe documentaire, mais que voulant se déprendre de l’extériorité du témoignage photographique documentariste, le photographe français a évolué vers une démarche plus intimiste, un engagement personnel, émotionnel. Pour autant il n’adopte pas la posture de l’artiste enveloppant le réel de sa subjectivité, de son idiosyncrasie. L’implication affective, perceptuelle, mais également, en un certain sens, “politique” de Grégoire Eloy demeure néanmoins celle du témoignage quoiqu’à fleur de perception, sans infliger ou affliger celui qui regarde, c’est à dire l’autre témoin, d’un pathos ou d’une démarche conceptuelle colorant l’épiphanie visuelle qui, alors, se vide de son ingénuité.
Agnès Geoffray, photographe de l’intranquillité
Photographie et paysages photographiques
Candida Höfer ou l’œil du Cyclope
Candida Höfer, de la distance aux détails
« C’est la vision du Cyclope, non celle de l’homme que donne la caméra » — Pierre Francastel, Peinture et Société.
Candida Höfer est une des chefs de file de la Photographie Objective allemande. Sa démarche se différencie des autres plasticiens photographes attachés à ce mouvement (Thomas Ruff, Thomas Struth, Andreas Gursky, Thomas Demand ou Axel Hütte) par une approche fidèle à la tradition photographique. Elle utilise, en effet, une chambre grand format argentique, en pose longue, sans adjonction d’éclairement autre que la lumière naturelle ou celle dont elle dispose sur le lieu. La technique utilisée ne suffit évidemment pas à rendre compte de l’originalité de son travail, ce point a néanmoins son importance en regard des artifices utilisés par les autres tenants de la Photographie Objective. La spécificité de l’appréhension du réel propre à Candida Höfer réside avant tout dans le paradoxe d’une saisie extrêmement méthodique et rigoureuse procurant à l’image rendue un aspect analytique et distanciée et, dans le même temps, une profusion étourdissante de détails, confinant souvent au baroque.
Philip-Lorca diCorcia, un photographe disruptif
Gilbert Garcin, jeune photographe retraité du dérisoire
Gilbert Garcin un jeune artiste photographe de 60 ans et plus
Gilbert Garcin, photographe reconnu des amateurs et assez populaire, quoique beaucoup en ignore le nom tout en reconnaissant ses images, s’est éteint, dans son sommeil, à l’âge de 91 ans, le 17 avril 2020, à Marseille.
© Gilbert Garcin. Le choix décisif.
Gilbert Garcin l’artiste autodidacte
Gilbert Garcin est une singularité dans le monde des arts visuels. Le photographe provençal était à la fois un jeune artiste et un homme âgé lorsqu’il s’engagea, par accident, dans la création photographique. En effet, alors qu’il pensait vouer sa retraite à la pêche et au repos après une carrière d’entrepreneur dans la vente de luminaires, il se lança, voulant occuper ses journées, dans l’apprentissage de la photographie.
Dan Flavin ou l'onctuosité du concept
Mathieu Douzenel, portraits de bunkers
Diogo Pimentão, sculpter le geste du dessin
Les femmes, les muses et la photographie
Ursula Schulz-Dornburg photographe des périphéries
Le Greco au Grand Palais, transfigurations picturales !
Rétrospective Le Greco au musée du Grand Palais
Δομήνικος Θεοτοκόπουλος (Ελ Γκρέκο), Domínikos Theotokópoulos.
Tombé dans l’oubli durant des siècles, le Greco fut l’un des plus singuliers, sinon le plus singulier des artistes de la Renaissance tardive, s’inscrivant dans une tendance maniériste aussi bien par l’originalité de sa mise en scène que par la facture de ses tableaux. Ce peintre que l’on voit « extravagant » pour son époque, un « génie discordant » redécouvert par Théophile Gauthier lors de son voyage en Espagne (1840), et ensuite par Maurice Barrès (1911), fascine toujours à travers son monde pictural, dès sa première présentation au musée du Prado (1902), et jusqu’à présent, comme en témoigne la dernière exposition organisée au Grand Palais (du 16 octobre 2019 au 10 février 2020).