Yung Cheng Lin et les corps hors limites
Du surréalisme à l’hybridation
Yung Cheng Lin est un artiste taïwanais illustrateur, sculpteur et photographe qui soumet le corps féminin à d’étranges métamorphoses dénonçant la chosification des femmes.

Du surréalisme à l’hybridation
De prime abord les photographies de Yung Cheng Lin paraissent d’inspiration surréaliste toutefois on remet en cause presque immédiatement cette référence. Il n’y a pas ici de disjonctions, presque pas de collisions symboliques mais des hybridations. On est bien plus proche des dernières évolutions de la sculpture hyperréaliste qui tend aux épissures les plus improbables. La propagation du thème du dividu, de l’individu multiple et le sentiment angoissé de la perte d’identité, n’est évidemment pas un hasard dans une société qui se virtualise à grande vitesse, qui se trouve confrontée à la mondialisation et à une forme d’uniformisation régressive. L’artiste plasticien taïwanais illustre avec brio, parfois humour, ce type de questionnement.

Yung Cheng Lin ou le glissement des frontières
Yung Cheng Lin associe l’artificiel et le corporel dans des compositions minimalistes à l’éclairage uniforme et des mises en scène sans apprêt. Il s’intéresse aux sécrétions et flux du corps qu’il soumet de surcroît à des bondages plus ou moins suggérés.
Mais ces Kinbaku n’ont rien d’érotique ils sont une manière d’appliquer la rigueur acérée de la géométrie à la fragilité des corps contorsionnés. Ce qui rappelle inévitablement Nobuyoshi Araki, aussi bien en raison de l’usage du bondage que pour l’aspect dépouillé et cru des prises de vue.
Auteur : Thierry Grizard