Serban Savu le social réalisme poétique
Serban Savu le social réalisme poétique - ARTEFIELDS
Serban Savu et l’école de Cluj
Serban Savu, (né en 1978 à Sighișoara, Roumanie, vit et travaille à Cluj-Napoca, Roumanie) fait partie du groupe de peintres qui émergèrent au début des années 2000 en Roumanie en compagnie d’Adrian Ghenie, Mircea Cantor, Ciprian Muresan et quelques autres. Il est parmi ces derniers le moins connu.
L’École de Cluj (appellation qui vit le jour avec le critique d’art italien Giancarlo Politi en 2007 par corrélation avec l’École expressionniste et néo-expressionniste de Leipzig) ne constitue pas cependant un groupe homogène d’artistes.
Il s’agit plutôt d’une dénomination de circonstance désignant une génération de peintres profitant de l’intérêt de certains galeristes pour les pays de l’Europe de l’Est fraichement sortis de l’aire d’influence communiste. Alors qu’Adrian Ghenie (voir nos articles est à situer dans l’héritage expressionniste, Serban Savu pratique un « style » réaliste aux formes simplifiées qui renvoie au réalisme socialiste, en outre les motifs employés sont pour la plupart d’ordre social et décrivent avec désenchantement la transition du communisme à une économie de marché et des valeurs propres aux démocraties occidentales actuelles dominées par le néolibéralisme.
Du réalisme magique au désenchantement
La peinture de Serban Savu est une peinture réaliste, elle décrit un contexte sociologique et un moment de l’histoire. C’est pourquoi elle pourrait passer pour descriptive. Pourtant si la manière évoque le réalisme socialiste par ses personnages simplifiés et « cubo-naïfs » on ne peut se départir d’un puissant sentiment d’irréalité devant les scènes nimbées d’une lumière iridescente que le peintre donne à chacune de ses toiles.
La lumière est toujours soigneusement reproduite mais, comme au cinéma ou en photographie, une tulle semble posée devant l’œil du peintre qui « floute » la scène picturale et l’irise à la manière des photo-painting de Gerhard Richter voir nos articles, notamment les séries concernant la bande à Baader, la série vénitienne et en particulier Eisberg voir notre article. Cet effet de flou et d’irisation contredit évidemment la description précise de scènes paraissant tirées sur le vif et nous offrant des moments de la vie ordinaire de gens qui, selon les générations, subissent ou profitent de l’ouverture de la Roumanie.
Auteur : Thierry Grizard