Ronan Barrot peindre l'espace de la toile
Ronan Barrot : « Tout a été peint quand pourtant tout reste à peindre »
Ronan Barrot (né à Argol le 13 Février 1973) est un artiste peintre contemporain français qui s’inscrit explicitement dans l’histoire de la peinture à l’image d’un Eugène Leroy, Rebeyrolle ou Markus Lupertz. Ronan Barrot est surtout préoccupé par l’espace, la construction dynamique de l’espace dans le champ de la peinture et par principe du report sur la planéité de la toile.
Comme Cézanne et Courbet il tente de reconstruire la force de ce qui est vu ou a été vu avec les moyens de l’architecture propre à l’espace pictural.
C’est la une des grandes spécificités de la peinture de vouloir redonner la « force », la « puissance » de ce qui a été vu, structurée par le regard du peintre à un instant « T » au travers du filtre de sa culture idiosyncrasique et des moyens techniques à sa disposition. Ronan Barrot réutilise donc les grandes Figures de la peinture, en particulier les problématiques du paysage.
Il s’attèle spécialement au « problème » de la profondeur du paysage, et ses structures reportées, reconstruites dans la fenêtre de la toile. Une fenêtre qui depuis le renversement de l’art moderne ne prétend plus imiter mais qui se donne à voir pour elle même. Une fenêtre qui n’ouvre donc ni sur l’extérieur de la représentation de la Nature, pas davantage sur l’expression romantique de la subjectivité, mais ne cesse de se replier sur elle même pour forcer le regard, capter l’attention sur sa propre structure. La toile est comme une boucle paradoxale qui veut arrêter le regard par sa singularité, sa propre force gravitationnelle.
Cette singularité, pour Ronan Barrot et beaucoup d’autres peintre, se construit néanmoins dans le temps, l’histoire. Hormis le dialogue avec les structures picturales de la Nature reportée sur la toile, Ronan Barrot dialogue avec de nombreuses autres Figures et Motifs de la peinture.
Parmi les thèmes abordés aussi bien pour leurs formes picturales que leurs contenus symboliques l’on retrouve les descentes de croix, les crucifiions, la verticalité comme appui, composition mais aussi comme expression de la vitalité, de la sexualité. On retrouve également dans le même registre les sous-bois charnus et sensuels et les vanités associés. Ronan Barrot parsème ses compositions de crane, mais réalise également de nombreux petits formats de vanités à la touche très marquée, épaisse, voire violente.
Auteur : Thierry Grizard