Michaël Borremans The Banana est un nœud
Michaël Borremans un hommage à Velasquez
Michaël Borremans et « …ces incidents brillants de clarté formelle et au contenu impénétrable » — Samuel Beckett, « Watt », 1953.
Michaël Borremans (1963/…) dans ce portrait qui n’en est pas un, se livre à un de ses jeux préférés créer l’ambiguïté. Dans ce magnifique tableau, à la facture classique très inspirée de Velasquez, le peintre belge provoque ce qu’il cherche systématiquement: l’arrêt.
© Michael Borremans. « The Banana ».
Un peu d’ironie!
Borremans conçoit la peinture comme un nœud qui avant toute chose se veut indéchiffrable tout en paraissant proposer un sujet par sa composition générale. De prime abord l’on « voit » cette toile comme étant un portrait. Mais le centre de la composition s’oriente vers…une banane. Il y a évidemment comme toujours chez Michaël Borremans une bonne dose d’humour flirtant avec l’ironie, voire la moquerie à l’égard de tous les « regardeurs » qui voudront commenter.
Le motif est ailleurs
Ici la lumière inspirée des peintres espagnols tels que Goya, Zurbaran ou bien entendu Velasquez se concentre vers un modeste fruit sur lequel toute l’attention apparente du personnage est concentrée. Mais cette pose relève moins du portrait que du moment suspendu. Michaël Borremans prépare avec beaucoup de minutie ses compositions, notamment par des mises en scènes photographiques très élaborées, incluant costumes, accessoires et éclairages dirigés. Dès lors ce temps arrêté n’est autre que celui de la prise de vue. Ce n’est cependant ni un instantané (plus ou moins sans qualité) repris en peinture (Comme Richter par exemple, voir notre article) ni un portrait d’atelier à la Lucian Freud.
© Michaël Borremans. « The Banana », 2006.
Une idée pour peindre
Avec « The Banana », il ne s’agit donc pas du portrait d’un modèle vivant dont on veut saisir ou la vérité ou l’intensité de la présence physique. Le peintre ne se soucie pas de véracité mais d’une « idée visuelle » à figurer. Un idée qui aura été retenue pour sa capacité à se dérober à l’analyse.
Auteur : Thierry Grizard