Michael Borremans et Zurbaran, une vanité énigmatique !
Tableau et « veduta »
Michael Borremans veut que la tableau —cadre ouvrant sur une perspective, un point de vue, une fenêtre— soit un noeud, quelque chose qui arrête le regardeur et suspend l’attention en subjuguant l’entendement. Le tableau doit donc être selon lui une fenêtre miroir qui boucle sur elle même.
La rhétorique du tableau
Le paradoxe est que cet effet est obtenu par le truchement d’un jeu intellectuel qui consiste à rechercher —pour parler moderne et non surréaliste— la disruption. Il pourrait donc y avoir chez Michael Borremans, dans l’évident héritage surréaliste belge, (Magritte le disruptif par excellence, Delvaux l’étrange et la banalité du quotidien, etc.), un jeu conceptuel sinon littéraire. Comme dans le surréalisme on observe chez Borremans non pas de la narration ou de la discursivité mais un télescopage en un moment unique. Cependant avec le peintre belge on sent bien que cette perpective de lecture est franchement insuffisante, et que par ailleurs il s’en méfie.
Le temps arrêté du tableau chez Michael Borremans
Pas vraiment de narration donc mais un moment disruptif qui se situe dans une suite d’évènements. On est décontextualisé.
Toutefois, si il n’y souvent pas de fil temporel ou de topos dans les œuvres de Michaël Borremans , il y a presque toujours une action figée. La peinture figurative « représente » par principe toujours une scène censée être à un moment T. On sait bien néanmoins que cette figuration ne peut être qu’une allégorie, l’illustration d’une idée, d’un message moral ou historique.
Chez Borremans on est plutôt entre Velasquez, Courbet ou Le Caravage avec une connotation surréaliste. On est devant une action suspendue à la composition fortement connotée conceptuellement, on pense aux Menines. Il y a également ce saisissement dans la lumière à La Caravage. Enfin on peut y voir la matérialité des textures et chairs à la Courbet. Trois maîtres dont l’artiste belge se revendique.
Auteur : Thierry Grizard