Aurore Pallet, les obscurs boréals
Aurore Pallet, « vedute », réflexions et réminiscences intérieures
2018 : Aurore Pallet, « Les Forces en Présence«
Cette année Aurore Pallet expose de nouveau à la galerie Isabelle Gounod, sous le titre : « Les Forces en Présence ».
Une formule qui résume assez bien le travail de cette jeune artiste qui poursuit avec détermination un chemin à part, assez éloigné de la peinture figurative française, souvent sous l’influence des derniers mouvements picturaux allemands, notamment la Nouvelle Ecole de Leipzig et son Réalisme Pop Art à connotations expressionnistes.
Aurore Pallet emprunte une toute autre voie, bien moins démonstrative dans la facture et les motifs ou sujets. Le « néo-réalisme » se caractérise par une forme de grotesque, une obsession pour les figures considérées comme des signes, une forme d’iconographie reprise de l’art ancien mais évidée de sa substance pour se résumer à une narration, voire une scénographie post-moderne aux allégories et métaphores ironiques.

Aurore Pallet, quant à elle, se concentre sur des œuvres sur bois, à base de multiples glacis, conçues comme des miroirs d’états psychologiques. Toiles qui sont des reflets introspectifs, mais aussi des surfaces spéculaires aux matités et brillances qui forcent le regardeur à se plonger dans des pénombres qui ne se révèlent complètement qu’avec le temps. De même que les obscurs de Pallet sont comme des aurores boréales qui évoluent selon l’éclairement et l’attention du visiteur, autant la lumière n’est jamais absente des ténèbres apparentes de ses panneaux. Elle émane toujours de derrière un profil de paysage, les flancs d’une vallée dérobée ou un lac profond.
Ces territoires composites et imaginaires sont, dans tous les sens du terme, des réflexions aux narrations elliptiques qui s’efforcent de faire advenir une présence manifestée essentiellement par l’obscurité, mais aussi ce qui la fait exister : la lumière, réduite ici à l’état de lueurs naissantes ou vespérales.
2017 : Aurore Pallet, « Prendre les augures«
Aurore Pallet expose au Lab Labanque de Bethune sous la houlette d’Isabelle Gounod. La manière est à peu près la même, toujours très sombre. Cependant les teintes froides, bleutées des « Annonces Fossiles » ont fait place à des tons plus chauds tendant à l’ambré. Le thème est en apparence très différent. Il y a des architectures de style gothique ou renaissant et des personnages, en groupe ou procession, à la Piero della Francesca ou Giotto. L’inspiration renaissante est évidente et revendiquée. C’est là que l’onirisme vesperal d’Aurore Pallet se prolonge de manière naturelle. Ces petits tableaux évoquant des miniatures sont aussi et surtout des » vedute « . Cependant ces vues ne sont pas à entendre dans l’acception courante, à savoir celle des paysages vénitiens du XVIII° siècle.

Auteur : Thierry Grizard